Jeudi 19 décembre, les élèves volontaires des cordées de la réussite ont pu assister à un concours d’éloquence organisé par l’INSA sur le thème de l’intelligence artificielle. « L’IA-t-il débat? »
Les élèves ont pu participer au vote et choisir la meilleure présentation.
En voici un compte-rendu détaillé rédigé par M.Fery ou peut-être par l’IA?
Nous avons assisté à quatre débats d’éloquence, tous tournés autour de l’Intelligence Artificielle (IA). À l’occasion de chacun d’entre eux, deux étudiant(e)s de l’INSA Lyon s’opposaient pour essayer de convaincre le public et le jury. En effet, pour chaque participant(e), il était primordial de séduire un maximum de personnes dans le public puisque tout le monde pouvait voter pour la prestation qu’il a préférée ou qui l’a le plus convaincu. Une fois le vainqueur de chaque débat désigné, les quatre restants étaient départagés par une note sur 20 réalisée par chaque membre du jury.
Le premier débat avait pour sujet: L’IA menace-t-elle notre créativité?
L’étudiante chargée de répondre favorablement a su apporter de bons arguments, elle a d’abord expliqué que, si les scénaristes d’Hollywood ont tenu une grève pendant plusieurs mois, ce n’était pas pour rien, c’était bien sûr pour protéger la sensibilité que l’homme peut transcrire dans une œuvre, notamment à travers un scénario. Elle a ensuite comparé la créativité à un muscle en expliquant que, si on ne l’entraîne pas, cette dernière ne sera finalement jamais performante et ne pourra jamais s’améliorer. De plus, en laissant un algorithme « gérer » toute créativité, on participe à l’inscription de toute création dans une norme qui ne change jamais. Enfin, en prenant le tableau Guernica de Pablo Picasso pour exemple, elle a rappelé que tout créateur peut profiter de son œuvre pour dénoncer une situation inique ou un drame par exemple, ce qu’un algorithme dépourvu de sensibilité pourra difficilement réaliser, d’autant moins si son créateur le prévoit dès sa conception.
Face à un argumentaire aussi bon et un parti qui pourrait facilement remporter la majorité, son adversaire n’a pas démérité. En effet, cette dernière a commencé par se présenter sur la scène avec une flûte à bec à la main, pour finalement la poser au centre de la scène. Elle explique alors que, en terme de créativité, l’IA ne doit pas être vue comme créatrice, mais support à la création, tout comme l’instrument à vent, l’IA n’est qu’un instrument. Dans ces conditions, l’IA serait donc un atout majeur à partir du moment où on n’oublie pas le processus de création. Enfin, elle rappelle que, au cours de l’histoire, les différentes avancées technologiques ont réinventé la créativité, à l’image de l’impact de la photographie dans l’art ou de l’application Deezer qui n’a pas participé à la fuite des salles de concert. Suite à ces arguments, l’étudiante a remporté le vote du public, lui permettant d’accéder à la deuxième délibération du concours.
Pour le deuxième débat, la question était: L’IA est-elle compatible avec l’écologie?
Le candidat représentant le « Oui », très bon en prose et jeux de mots, expliquait que réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’utilisation d’algorithmes et de l’IA n’était pas un combat prioritaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. À titre d’illustration, il rappelle que l’élevage de bœuf crée une quantité de gaz bien plus conséquente que l’IA. D’ailleurs, il précise que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) utilise déjà l’IA, ce qui montre que ce dernier partage son avis. Enfin, il explique que cette technologie, capable d’étudier les mouvements des vents, des plaques tectoniques et plusieurs autres évolutions climatologiques, auraient pu prévoir les catastrophes écologiques les plus dramatiques, et ainsi permettre de sauver des vies.
De son côté, la candidate devant défendre le « Non » rappelle les effets conséquents de l’utilisation de l’IA. Elle ajoute également que la réalisation d’une seule tâche demande davantage de ressources et de serveurs, donc de matériau et d’énergie, illustrant ainsi la contre-productivité de l’IA dans le combat pour l’écologie. Cette candidate est celle qui a su convaincre le public, peut être aidée par le fait que son opposant a parfois contourné le sujet demandé.
Quant au troisième débat, la problématique était: Faut-il s’en remettre à l’IA pour former les talents de demain?
Cette fois ci, c’était l’avis défavorable à la question qui ouvrait la marche. Il commence par rappeler que la formation prend le temps d’accompagner son élève, qu’elle ne se fait pas sur un temps court, bien au contraire, afin d’accompagner au mieux l’élève. De plus, ce n’est pas une application qui motive un élève à se former, à apprendre, mais un professeur qui déborde de passion pour sa matière et de partage des connaissances ou savoirs-faire. D’ailleurs, l’IA ne doit pas être vue comme un remplaçant pour le professeur, mais comme un outil pour ce dernier.
Face à ce premier orateur qui traite donc principalement du professeur des écoles primaires ou secondaire, le second évoque principalement celui de l’enseignement supérieur. Il explique ainsi que l’IA serait une meilleure solution à l’enseignement comparée à un professeur-chercheur qui, non seulement porte mieux la casquette de chercheur que celle de professeur, doit faire cours à plus d’une centaine d’étudiants, rendant ainsi impossible tout suivi personnalisé. La critique des ces professeurs et les quelques rires provoqués chez le public lui auront alors permis de l’emporter face à son rival.
Enfin, le quatrième problème était: Faut-il humaniser l’IA?
L’opposant à la question commence par détailler comment, en avançant sur l’humanisation de l’IA, cette dernière nous « vole » notre humanité, nos émotions. À ces yeux, nous devons comprendre que, s’il n’est pas souhaitable, ce changement est encore moins nécessaire. D’ailleurs, il rappelle que le monde ne peut pas être appréhendé uniquement à travers des données, bien au contraire, ce qui fait l’humain, c’est la sensibilité et la diversité.
Face à lui, le défenseur de l’humanisation de l’IA explique au contraire que cette évolution est indispensable. En effet, par le processus d’humanisation, l’IA serait alors capable de douter, ce qui lui permettrait d’être fiable. De plus, il ne faut pas oublier que des personnes parfois mal intentionnées sollicitent les technologies, ces mêmes individus pourraient alors solliciter les programmes informatiques pour qu’ils leur expliquent comment créer une bombe. Également, il ne faut pas non plus oublier les personnes dépressives qui veulent se suicider et qui demandent à l’IA comment faire. Ainsi, il nous explique que, si l’on humanise l’IA, alors on lui permet de comprendre qu’elle peut créer ou éviter un drame, elle peut dissuader ou prévenir les services compétents du problème, donc les services de police dans le premier cas, les services médicaux dans le second.

Merci à tous les élèves, à Mme Vanneau et M.Fery qui ont accompagné cette sortie.